La pension de la via Saffi - 02 Soneri by Valerio Varesi

La pension de la via Saffi - 02 Soneri by Valerio Varesi

Auteur:Valerio Varesi [Varesi Valerio]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Polar italien
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00


8

Il avait décidé de laisser les choses arriver sans intervenir. Il pressentait que tôt ou tard la situation se déchaînerait sans qu’il y ait besoin de provoquer l’explosion. C’est pourquoi, sans faire de bruit, il redescendit dans la rue et se mit en marche pour rentrer chez lui. Dès qu’il arriva, le clocher du palazzo del Governatore sonna les deux heures. Bien à l’abri dans sa tanière, il éprouva un soulagement immédiat. Enfin détendu, il s’alluma un toscano, se fit bouillir un peu d’eau et se prépara une camomille. Il la but et continua d’observer la nuit silencieuse. C’était l’une des choses qu’il préférait. Il en profita alors pour se repasser en boucle les mystères que ce monde brouillardeux préservait : la disparition de Fernanda, l’assassinat de Ghitta, Pitti qui rôdait toute la nuit comme un animal en chasse, cette Elvira cynique à faire peur, la mort de Dallacasa… Au bout du compte, tout confluait naturellement vers cette pension qui avait tout du pivot bien huilé autour duquel tournait un univers entier. Avant de se coucher, il écouta son répondeur qui clignotait depuis un bon bout de temps sur sa table de nuit : « Tu as retrouvé la parole après ta petite halte au bordel ? » lui demandait Angela, qui avait deviné où il avait passé la soirée. Malheureusement, la pension Tagliavini et l’appartement de la Schianchi étaient bien pires que des bordels.

Il se réveilla tard et passa à la Questure en milieu de matinée, la trouvant plongée dans cette ambiance assoupie typique des jours fériés. En période de congés, il pouvait prendre son temps et il se dit qu’il avait bien raison de choisir de bosser pendant les fêtes et au mois d’août. D’autant plus que Juvara expédiait toute la paperasse et qu’il n’avait plus qu’à la signer.

« Ils continuent de chercher la vieille, hein ? demanda-t-il à l’inspecteur afin d’être rassuré.

— Les brigades ont sa photo, ils en ont fait imprimer vingt copies pour eux », répondit celui-ci.

Soneri, le cigare entre les dents, émit un grognement et sortit quelques minutes après. Arrivé borgo Angelo Mazza, il bloqua un moment devant la sonnette à côté de laquelle on pouvait lire photos trombi. Il craignait encore de perdre son temps à fouiller parmi ces choses qui n’avaient rien à voir avec l’enquête. Et puis Juvara l’avait prévenu pour la énième fois que les journalistes voulaient l’interroger au sujet de l’affaire. Que pouvait-il leur raconter ? Qu’il allait régulièrement passer au crible des photos du temps de sa jeunesse ?

Il finit par sonner. Il se souvenait de ce sous-sol rempli d’étagères métalliques avec toutes leurs étiquettes. Le critère d’archivage devait être très personnel. Trombi classait par thèmes : les personnages politiques, les manifestations ouvrières, les événements sportifs, les églises et les monuments… À l’intérieur de chacun des thèmes, la subdivision était chronologique, année par année. Le tout semblait assez difficile d’accès et Soneri se dit qu’une fois l’artisan disparu, personne ne serait plus en mesure de trouver la combinaison de ce coffre-fort rempli d’histoire.



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